Il y a quelques jours, voici le message que nous recevions dans notre boîte mail :
« Bonjour !
Vous ne savez pas trop quoi faire le samedi 28 mai ?
Le Local rénove les Boîtes à Bouquins & CO,
joignez-vous à nous !
C’est au jardin du GEM à Bagnères-de-Bigorre, 2 rue du 19 mars 1962, de 10h à 16h, venez faire un tour après votre marché !
C’est le moment pour se réapproprier, adapter, transformer davantage certaines boîtes avec vos remarques, vous utilisateurs quotidiens !
Les Boîtes à Bouquins &Co, késako ?
Ce sont des „micro-bibliothèques de rue“, chacun peut y déposer un livre, en prendre un pour échanger autrement de bons moments passés à bouquiner, et les idées !
Il y en a cinq dans la ville : à l’entrée du Vallon de Salut, à la fontaine Saint-Blaise, au GEM, à l’étang de Clairvallon et à la passerelle sur l’Adour.
Malheureusement celle de la passerelle ayant subit quelques maltraitances, nous allons devoir la déplacer ailleurs, où elle sera entre de bonnes mains !
Les Boîtes à Bouquins &Co,
C’est un projet qui a été initié l’an dernier, un partenariat entre trois associations, Le Local, le Salon de Lecture et le GEM afin de libérer la culture dans la ville !
Ont été organisés des ateliers partagés, des actions spontanées dans l’espace public pour écouter les pratiques dans la rue au quotidien, et un chantier collectif, ou workshop, durant l’été qui a vu les habitants de Bagnères, de la vallée, et d’ailleurs, fabriquer les Boîtes à Bouquins &Co !
En espérant vous retrouver ce samedi,
A bientôt
LE LOCAL »
Alors nous nous sommes dit que l'occasion était trop belle de vous proposer l'entretien que Laura et Adrien nous ont accordé (il y a quelques temps de cela, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, la preuve) :
Le Salon de Lecture : Bonjour, Laura et
Adrien. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Laura et Adrien : Diplômés d'architecture
nous travaillons depuis plusieurs années à replacer l'humain comme
fondement du projet architectural. Questionnant l'habiter, observant
les pratiques quotidiennes rurales et urbaine à travers un travail
de terrain approfondi, la co-construtcion, la pluridisciplinarité et
le faire, induisant une partie d'expérimentation.
S. de L. : Vous êtes architectes
urbanistes, c'est bien ça ?
L & A : Nous
avons obtenu notre diplôme d'Architecte Diplomé d'Etat (D.E.) à
l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles.
L'architecte s'occupe de l'espace, l'espace qui « essarte »,
qui donne du champ libre et qui permet le mouvement. L'urbaniste va
plutôt s'occuper des fonctions, c'est autre chose, une autre
formation. Nous avons cependant les compétences de travailler du
micro au macro, de la cuisine à la ville, toutes les formes de
l'habiter.
S. de L. : Comment vos études
d'architecture vous ont-elles menés à Bagnères de Bigorre ?
L & A : Nos travaux respectifs
nous ont amené à travailler sur la participation habitante, la
cohérence territoriale, la transmission et la réappropriation par
le faire, le moment du chantier. C'est ces fondamentaux et la
rencontre avec Richard Sabatier, enseignant chercheur à l'ENSAV
devenu notre directeur d'étude, qui nous ont conduit à
Bagnères-de-Bigorre. Ville qui de part son échelle, son
environnement et ses pratiques était propice à nos démarches de
recherche, et nous a conduit à une résidence de six mois à travers
laquelle l'étude " Ré-inventer ensemble un territoire" a
vu le jour.
S. de L. : Qu'est-ce que Le Local
?
L & A : C'est d'abord le nom que
nous avons donné à l'espace de travail, ouvert sur rue, que nous
avons occupé et ouvert aux habitants, durant l'étude "Ré-inventer
ensemble un territoire" ou nous organisions des ateliers de
réflexion sur la ville. Puis, les habitants nous ont associé à ce
nom est c'est alors devenu celui de notre association. Le Local est
aujourd'hui une association collégiale, loi 1901 signifiant,
Laboratoire, Observatoire, des Cultures, des Architectures et des
Lieux.
S. de L. : Venons-en à présent
au projet des Boîtes à Bouquins & Co (B.A.B.). Qui en est
l'instigateur ? Quelle a été l'idée de départ ?
L & A : C'est le Salon de Lecture
de Bagnères-de-Bigorre qui a émis l'idée de réaliser ces boîtes
à livres. Nous leurs avons proposé nos services pour réaliser ces
boîtes en essayant d'impliquer par le biais d'ateliers et d'un
chantier les habitants de la ville. C'est alors que, conjointement,
l'idée et le projet firent leur chemin.
S. de L. : Comment s'est déroulée
la préparation du chantier ?
L & A : En amont du chantier nous
avons mis en place des ateliers afin de définir l'objectif de ces
boîtes, leurs emplacements, leur esthétique, leurs matériaux. Un
travail de récupération de matériaux à été engagé, allant chez
les particuliers comme les entreprises locales ou désaffectées pour
rassembler un maximum de matériaux. Enfin un partenariat avec le
Groupe d'Entraide Mutuelle a été monté pour héberger le moment
du chantier.
S. de L. : Le chantier a duré une
semaine (du 27 juillet au 5 août), au G.E.M. (Groupe d'Entraide
Mutuelle), à l'occasion des Culturiales 2015. Comment s'est passée
la gestion du quotidien ?
L & A : Le chantier s'est très
bien déroulé, malgré la pluie. Les adhérents du GEM, du Salon de Lecture, des touristes et autre sont venus participer à ce workshop,
même une architecte ! Nous entendons par workshop - l'atelier
en anglais - un moment de chantier collectif, ouvert à tous, fondé
sur l'apprentissage et la transmission. Les encadrant et adhérents
du GEM nous ont assuré chaque jour la logistique ainsi que la
préparation des repas, essentielle et centrale dans un workshop.
S. de L. : Selon vous,
était-ce un succès ?
L & A : Oui, pour nous ce fut une
réussite, de par la qualité des échanges, des moments partagés,
des objets créés et de ce qu'ils représentent aujourd'hui pour une
partie des habitants.
S. de L. : Nous avons cru comprendre
qu'il y avait même une famille de touristes qui avait participé.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
L & A : En effet, le chantier
étant ouvert à tous, une famille d'Ariège a pu consacré deux de
ses demi-journées de vacances à la réalisation d'une boîte qui
est aujourd'hui installée à la fontaine Saint-Blaise. Tout un
symbole...
S. de L. : Au final, combien
de boîtes ont été réalisées au cours de ce chantier ?
S. de L. : Pourriez-vous nous
donner les sites où elles ont été installées ? Il y avait-il une
occasion particulière ?
L & A : Nous avons souhaité
installer les boîtes à bouquins de manière à dessiner un parcours
dans la ville. Ce dernier, nourri par notre étude urbaine, incite
les habitants à traverser la ville, la parcourir à pied, dans son
entièreté, sortant alors du centre ancien, pour s'aventurer le long
de berges ou découvrir des espaces naturels méconnus ou oubliés.
Cinq boîtes sont
installées : au Vallon de Salut, au GEM, à la fontaine
Saint-Blaise, à la passerelle et à l'étang de Clairvallon.
S. de L. : Quelques mots à
propos du fonctionnement de ces B.A.B. ? Sont-elles book only
?
L & A : Ces Boîtes à Bouquins,
disposées dans l'espace public, sont des objets que chacun peut
s'approprier. Le principe étant d'y laisser ou d'y prendre un livre,
un poème, une recette ou toute autre forme de culture. Nous avions
discuté avec la CCHB de leur politique de réduction des déchets,
le « &Co » vient de ces discussions : les boîtes
sont aussi un moyen de consommer moins, d'échanger plus.
Certaines, sous forme de
mobilier, permettent de s'assoir, de prendre le temps également.
S. de L. : Qu'attendez-vous de
ces désormais fameuses B. A. B. ?
L & A : Nous espérons que les
habitants se les approprierons à leur manière, que des livres et
d'autres petites curiosités y seront déposées, échangées,
qu'elles puissent devenir le prétexte à de nouvelles rencontres,
des moments de partage dans l'espace public. L'occasion peut-être de
reprendre le temps... ou tout autre chose.
S. de L. : Que retenez-vous de
cette expérience ?
L & A : C'est une belle
expérience, nourri par de beaux et complémentaires partenariats. Il
n'a pas été toujours évident de mobiliser, d'interpeller les
citoyens, mais les personnes intéressées se sont vraiment
impliquées. C'est une expérience qui a montré qu'avec peu de
moyens financiers, de l'énergie et en mutualisant les compétences
de chacun on peu arriver à un beau projet collectif.
S. de L. : Quels sont vos futurs
projets ?
S. de L. : Et le dernier mot
est pour vous...
L. & A. : Merci au Salon de Lecture de
nous avoir fait confiance, de nous avoir suivi et soutenu. Merci à
tous les autres partenaires qui ont permis que le projet aboutisse, à
ceux qui ont participé, et qui, avec nous, ré-inventent la ville de
demain.
L'espace public appartient
à tous, c'est à nous de le reconquérir.
(propos recueillis en septembre 2015 ; un grand merci à Laura et Adrien pour leur réactivité et leur patience)